Dans l'attente de la mort...

La nuit était tombée depuis plusieurs heures. Quelques gouttes de pluie semblaient tomber à l’extérieur. Seul, allongé dans sa cellule, Julien les écoutait, n’ayant rien d’autre à faire. Il était sur le sol, les pierres étaient froides, mais il n’en tenait pas compte. La paillasse à laquelle il avait droit pour seul lit était fort désagréable. Le plafond était noir. Le couloir était noir. La vie était noire. Derrière les barreaux, il n’apercevait pas d’autre prisonnier, ni qui que ce soit. Il était vraiment tout seul.
Il se tourna et se retourna, ne trouvant ni le sommeil, ni une chose à laquelle penser. Il n’était pas mécontent de son choix. Après tout, il n’avait plus vraiment d’autre solution. Il était là, et au lever du jour, ce serait la dernière fois qu’il voyait le soleil.
Mais comment réagirait-il si on lui permettait de s’échapper ? Si quelqu’un venait, tout d’un coup, pour lui ouvrir la grille ? Songeant à cela, il se leva, et s’en approcha. Il regarda dehors. Rien ne pouvait lui permettre de fuir. Pas même une vieille dalle brisée derrière laquelle il pourrait creuser dans la terre certainement humide avec l’averse qu’il y avait au-dessus à présent.
C’était étrange, mais tout d’un coup il reprit espoir. Y avait-il un moyen de tout changer ? Etait-ce la seule solution que la mort ? La seule échappatoire ?
Il pensait depuis déjà plusieurs minutes. Autour de lui, à par le petit tissus qui couvrait ce qu’on pouvait appeler un lit, il n’avait rien d’autre. Non, pas moyen de s’échapper.

C'était la nuit. Une nuit sans lune. Azilis avait voulu rendre visite à son frère Caius, et, comme à l'accoutumée, sa conversation avec Myrddin avait duré longtemps. Beaucoup trop longtemps. Ce n'était une heure pour faire un trajet à pied, mais Kian l'attendait à la villa. Alors, malgré la proposition qu'Arturus lui avait faite de rester pour la nuit, elle avait préféré partir. Mais il était vrai qu'elle ne se sentait guère rassurée ainsi, seule, dans la campagne noire. Une goutte d'eau tomba alors sur sa main. Puis une deuxième. Encore une autre. La pluie commençait à tomber, de plus en plus violemment. Vite, elle devait trouver où s'abriter, avant d'être complètement trempée par l'averse. Dans la noirceur qui l'entourait, tout lui paraissait désert... Pourtant, elle s'aperçut avec surprise qu'elle longeait depuis quelques temps un bâtiment. Alors que la pluie redoublait d'ampleur, elle parvint à trouver la porte. Elle frappa un coup, mais personne ne répondit. Elle renouvela son appel un peu plus énergiquement, mais, n'ayant toujours pas de réponse, elle poussa la porte : elle n'était pas verrouillée. Elle entra et fit quelques pas à l'intérieur. L'endroit était sombre, froid, austère. Il était éclairé par une une torche, qu'Azilis s'empressa de saisir. Elle commençait à être quelque peu inquiète. Enfin... au moins elle était à l'abri de la pluie.
Elle entendit alors un bruit. Elle sursauta et, vraiment pas rassurée, s'enfonça dans les profondeurs du bâtiments. Étrangement, elle ne voyait personne. L'endroit était rempli de cellules vide... Ce n'était pas très rassurant... Enfin, dans la cellule du fond elle vit une silhouette allongée sur...quelque chose de bizarre. Que faire? Signaler sa présence...Avec un peu d'appréhension, elle se racla la gorge.

Julien retourna au fond de la cellule. A quoi bon fixer sans cesse les barreaux d’une cage qui ne s’ouvrirait sans doute jamais ? Il préféra se tourner vers la fenêtre, observer la faible lumière de la lune qui, cachée par les nuage, paraissait absente. La pluie se faisait de plus en plus forte, elle tambourinait contre le mur du bâtiment et, ensuite, s’engouffra par la petite fenêtre qui lui donnait sur l’extérieur. Julien ne se plaignit pas. Il n’y avait aucun raison, vraiment aucune. A part qu’il était prisonnier ici. Mais soudain, il remarqua quelque chose : l’eau, glissant entre les dalles, ramollissait la terre. Près des barreaux, l’une d’elles semblait flotter dans une mare de boue. Il allait s’en approcher, lorsqu’il entendit quelqu’un et s’immobilisa. Le gardien de la prison ? Non. C’était une jeune fille avec de longs cheveux noirs qui le regardait avec une expression indéchiffrable. Il jeta un coup d’œil vers la dalle, puis encore sur la fille. Combien de temps encore allait-elle rester là ? Il fallait qu’elle parte, et il pourrait s’échapper. Mais, comme elle semblait déterminée à rester, il osa :

Bonjour.

Azilis fit un pas de plus en direction de la silhouette. A la lueur de sa torche, elle pouvait voir qu'il s'agissait d'un homme. L'expression de son visage était indéchiffrable. Etrangement, elle avait même l'impression que sa présence le dérangeait. Si c'était effectivement le cas, tant pis. Elle n'avait pas l'intention de retourner sous la pluie, de plus en plus violente à en juger par le bruit qui lui parvenait. Il la salua, et après une légère hésitation, elle lui répondit :

-Bonjour...

Elle fronça les sourcils. Pourquoi n'y avait-il personne d'autre que lui ? Elle frissona. En fin de compte, elle aurait mieux fait d'accepter la proposition de son frère. Kian aurait compris, et elle serait revenue en plein jour,et accompagnée. Elle hésita encore un isntant avec de demander :

-Je peux vous demander votre nom ?

Elle semblait perdue. Etrange. N'était-elle donc pas une gardienne de la prison ? Il l'observa un peu plus. Vêtue d'une étrange façon, elle n'avait vraiment pas l'air d'un garde. C'était curieux de voir quelqu'un ainsi vêtu dans une prison, et même d'en voir une tout simplement. Lorsqu'il la salua, elle hésita avant de répondre. Que devait-il donc croire ? Qu'elle était en train de le surveiller, et donc que c'était rare qu'un prisonnier lui parle, ou parce qu'elle était, comment elle le semblait, légèrement effrayée ? Et puis, non, elle paraissait jeune, trop jeune pour passer sa vie à garder les condamnés à mort. Lorsqu'elle lui demanda son nom, une bonne partie de ses doutes s'étaient envolés. Il lui répondit:

Julien Sorel.

Il hésita longuement, écoutant la pluie tomber. De toute façon, elle n'avait pas l'air plus loquace que lui. Il demanda enfin:

Et vous ?

Ses yeux se dirigèrent naturellement vers la dalle. Il commença à faire quelques pas légers vers elle, essayant d'être discret. Elle ne le remarquerait certainement pas pour l'instant. Il aurait le temps de savoir qui elle était avant de se risquer à creuser. Tout de la façon dont tournerait la conversation.

Vous habitez à Verrières ?

Il la questionnait surtout pour savoir d'où elle tenait cette étrange tenue vestimentaire. Et aussi, évidemment, pour la distraire. Pendant ce temps, il s'approchait de plus en plus de sa seule façon de sortir.

Julien Sorel... Un nom un peu étrange. Elle n'avait jamais entendu parler d'une famille Sorel auparavant. Un silence s'installa. Azilis était bien trop intriguée pour continuer à s'inquiéter. Elle avait toujours été de nature curieuse. D'ailleurs elle aurait déjà posé des dizaines de questions, si elle était encore Azilis. Mais cette Azilis était morte et enterrée. Ne restait plus que Niniane, et Niniane était un peu moins curieuse et beaucoup plus réfléchie.
Le jeune homme lui demanda alors son nom.

-Az... commença t-telle avant de s'interrompre.

Elle avait faillit se nommer par son ancien nom...Encore une fois... Cela arrivait de plus en plus fréquemment. Était-ce un signe ? Non. Non, elle était Niniane, et ce à présent pour toujours. Elle toussota avant de reprendre :

-Je suis Niniane Sennia...

Il lui demanda ensuite si elle habitait à Verrières. Azilis fronça les sourcils. Le nom de cette ville lui paraissait totalement inconnu...

-Non... Je ne connais pas Verrières. J'habite Ynis-Witrin.

Azilis fixa le visage de l'inconnu, qui, étrangement, semblait s'éloigner de plus en plus vers le mur. Elle entendait distinctement le clapotis de la pluie sur le toit. C'est juste à ce moment là qu'elle parut se rendre compte de l'étrangeté de la situation. Le jeune homme qui lui faisait face était seul, derrière des barreaux, dans un endroit qui ressemblait fort à une prison. C'était vraiment bizarre... Comment cela se faisait-t-il ?

-Pourquoi êtes-vous ici ? ne put-elle s'empêcher de demander.

Julien n'espérait que faire passer le temps, être discret, et se diriger vers cette dalle. Elle ne l'avait toujours pas remarqué à ce qu'il lui semblait. Elle donna son nom après une hésitation. Bien sûr, pourquoi parler à un prisonnier ? Et pourtant, il aurait juré qu'elle ne l'avait toujours pas remarqué. Elle avait l'air tellement étrange ! Surtout lorsqu'elle donna le nom de cette ville, un nom qu'il était incapable de prononcer. De plus, elle soutenait qu'elle ne connaissait pas Verrières. N'était-ce cependant pas là qu'elle était ? Dans la prison de Verrières ? Comme il était presque à destination, il resta encore silencieux. Jusqu'à ce qu'elle lui demande ce qu'il faisait ici. Alors, il s'arrêta. Le son de sa voix était sincère. Elle ignorait totalement où elle se trouvait. Il le vérifia:

Savez-vous à quel endroit vous êtes ?

Il s'arrêta soudain, regarda, sans essayer de paraître discret, la dalle flottante. Il posa son pied dessus, elle trembla. Elle n'était vraiment plus attachée au sol. Il regarda de nouveau Ninianne.

Vous êtes dans une prison. Pardonnez-moi si vous avez l'impression que je vous prends pour une idiote, mais moi, derrière ces barreaux, je suis un condamné à mort, ça me surprend que vous ne me connaissiez pas. Tout le monde le sait ici…

Azilis vit bien que ses paroles, sa réponse vis-à-vis de la ville qu'il avait cité, mais aussi et surtout sa question intriguaient beaucoup le jeune homme.
"Savez-vous où vous êtes ? " lui demanda-t-il enfin.
Azilis ne répondit pas. Que répondre ? Il était vrai qu'elle n'en avait pas la moindre idée. Ce lieu ressemblait certes à une prison, mais c'était tellement étrange quelle n'osait pas avancer cette idée. Personne, pas de gardiens, et un unique prisonnier... Il y avait largement de quoi douter...
"Vous êtes dans une prison. "
Ah... Au moins, elle n'avait pas tort... Il lui dit ensuite son étonnement du fait qu'elle ne connaisse pas son identité. Il ajouta qu'il était condamné à mort...
Condamné à mort ? Mais qu'est-ce qu'un jeune homme comme lui avait bien pu faire pour être condamné mort ? Myrddin lui avait pourtant dit que, dans le royaume de Bretagne, ces pratiques étaient vraiment moins fréquentes... S'était-elle à ce point égarée pour être sortie du royaume ?
La pluie continuait incessamment de tomber, toujours de plus en plus forte... Si cela continuait, elle allait passer à travers les murs. Un bruit fit alors sursauter Azilis.

La jeune fille sembla bien surprise de l'entendre dire. Ainsi donc, elle ne le connaissait vraiment pas. Son regard semblait sincère. Elle ne préviendrait personne. De toute façon, qu'avait-il à perdre ? Cette phrase stupide lui sortit brusquement de la bouche:

Bon, maintenant, si vous me le permettez, je vais m'échapper.

Il avança jusqu'à la dalle, l'enleva sans difficulté. La boue qu'elle avait recouvert s'enlevait avec une facilité renversante. Bien... Sous le regard de Ninianne, il se mit à creuser. La seulbruit qui l'entoura durant un long moment fut celui de la pluie, la tempête même devrais-je dire, car parfois un coup de tonnerre retentissait dans le silence nocturne, toujours précédé d'une violente lumière céleste de l'éclair. Il creusa, creusa, peut-être que la jeune femme lui parlait mais il ne prit même pas la peine de l'écouter.
Soudain, un autre bruit se fit entendre. Ce n'était pas le même... Un gardien ? Cette, si c'en était u, il n'avait plus aucune chance ! Quelle idée stupide d'avoir voulu sortir parlà aussi, creuser son la prison et tenter de sortir par un trou dans lequel il ne pourrait même pas rentrer ! Que faire ? Et Ninianne ? Si l'on la découvrait ici, il était fort possible que le gardien n'apprécie pas. Les visites étaient terminées depuis longtemps et même si c'était encore l'heure, il doutait fort qu'elle ait demandé la permission de venir.
Au même moment, alors que les bruits de pas le terrifiaient, la foudre s'abattit sur la prison. Le mur d'en face explosa. Il reçu une pierre tranchant sur la joue et mit sa main sur l'endroit endolori. Lorsqu'il la retira, elle était couverte de sang.
Mais la voie était libre.

Venez ! annonça-t-il à Ninianne.

La grille, sous le choc, s'étaitouverte elle aussi. Avant qu'elle ait pu réagir, il la saisit par le bras et la tira dans l'ouverture. Mieux valait la pluie que le gardien...

[on ira dans les rues quand tu auras répondu ?]

Sous le regard surpris d'Azilis, Julien annonça qu'il allait s'évader. Pendant quelques secondes elle se demanda comment réagir à cela : elle aurait sans doute du faire quelque chose pour l'en empêcher... Mais elle n'essaya même pas. Ah quoi bon ? Elle ne savait pas ce qu'il avait fait pour se retrouver dans cette situation, et il ne lui avait rien fait, à elle. Et puis, elle ne savait que trop bien ce qu'était le manque de liberté...
Perdue dans ses pensées, elle le fixa un moment sans trop le voir, tandis qu'il creusait, dégageant tant bien que mal les dalles. Elle pensa un instant l'aider puis, finalement s'abstint : s'était une chose de ne pas l'empêcher de s'évader, mais s'en était une autre de l'y aider.
D'autres bruits, semblables aux prmeiers, retentirent. Un peu inquiète, Azilis vit que Julien lui aussi paraissait angoissé. C'est alors que la foudre s'abattit sur le mur de la prison. Azilis poussa un cri, qui fut masqué par le grand fracas. Son regard se porta alors vers Julien. Sa joue était en sang.
Du sang... Les lèvres d'Azilis se mirent à trembler. Tant de mauvais souvenir remontaient à la surface par la simple vue de ce liquide écarlate. La tête coupée de Lucius... la mort d'Aneurin... Le massacre sur la lande bretonne...
Lentement, une larme s'échappa de sa prunelle et roula sur sa joue.
Venez! s'exclama alors Julien, la sortant de sa torpeur.
Avant qu'elle n'ai pu esquiser un geste, il la saisit par le bras et l'entraîna à travers ce qui quelques minutes plus tôt était un mur, et n'atait plus à présnet qu'un monticule de pierres.

-Mais...

[Ellana et Mary nous attendent dans la rue]

FIN DU RP