Noyée

Erika ouvrit soudain les yeux. Tout était flou. Tout était calme. Silencieux. Mort. Froid. Froid, surtout. Ses bras étaient glacés, à un tel point qu'elle n'arrivait presque pas à bouger, et encore moins remuer le bout de ses doigts. Il s'était passé quelque chose d'anormal. Dans les souvenirs qu'elle avait, elle était tombée dans le lac. La glace était fine. Elle poursuivait Melissa… Quand était-ce ? Son blouson était lourd. Au prix d'un immense effort, elle parvint à le retirer. A présent elle avait encore plus froid. Soudain, elle se rendit compte qu'elle était dans l'eau. Comment pouvait-elle être encore en vie ? Etait-elle un fantôme ? Ca existait, les fantômes ? Ceci fut sa première idée, mais le manteau qu'elle venait d'enlever était bien réel. Ses sens aussi. Non, elle était vivante.
Battant des pieds, elle s'éleva, elle ne trouvait pas de lumière en haut. Ce devait être la nuit. Ou l'orage. L'orage, sûrement… Non, impossible, elle n'entendait rien. Mais là où elle était, que pouvait-elle entendre ? Elle se cogna. C'était la glace, c'était la nuit. Le ciel qu'elle avisait faiblement au dessus de sa tête était d'un noir total. Elle était encore sous la glace. D'un coup de poing, elle tenta de la briser, sans grand espoir. Pourtant, il lui sembla qu'elle céda. Etonnée, elle recommença. Une fissure se forma. Erika donna un dernier coup, et, comme une explosion, elle se brisa. Libre, elle se cramponna au bord et se hissa à l'extérieur, respirant une grande bouffée d'air. C'était bien la nuit. La nuit d'un noir d'encre, avec seulement trois étoiles qui scintillaient. Mais elle n'était pas au lac. Devant elle, il y avait un pont. Un fleuve ? Assise sur la glace fine, elle se frotta les bras. Comme il faisait froid ! Comme si cette sensation avait décidé de ne plus la quitter. Quelle allure devait-elle avoir après être restée si longtemps dans le fleuve ? Celle d'un cadavre, sans doute…
Elle se leva, s'avança vers la berge. Ses pas étaient imprécis, elle boitait légèrement. Elle atteignit la rive, s'installa sur celle-ci pour se reposer et regarda. Mais elle ne voyait pas grand-chose…

Invité

Ellana marchait prudemment. Elle ne connaissait pas cette ville. Elle ne savait même pas comment elle s'était retrouvée là, car elle marchait en direction d'Al-Jeit et s'était perdue. Humiliant, pour une marchombre ! Se perdre… C'était ridicule. Elle ne savait pas où elle allait. Les rues se ressemblaient toute, la seule petite différence qu'elle pouvait trouver était un fleuve complètement gelé qui ne coulait donc même pas traversant la ville. Ce fut le chemin qu'elle prit. Elle le longea. Il était très long. Au loin, elle pouvait apercevoir des collines. Peut-être était-ce la chaîne du Poll ? Ca ne lui expliquait pas où elle était pour l'instant. Un peu plus loin, elle entendit un bruit. Brusquement, elle s'immobilisa, écouta attentivement, prête à attaquer. Et la glace se brisa, une jeune fille en sortit. Ebahi, elle ne put tout d'abord pas bouger, une grosse erreur. Heureusement, elle reprit vite conscience, et, horrifiée, regarda cette personne se traîner jusqu'à la rive et s'asseoir. Elle courut en sa direction.

Eh ! Mademoiselle !

En arrivant à sa hauteur, elle ralentit, la regarda. C'était une jeune qui ne devait pas avoir dix-huit ans, avec des cheveux noir et une peau presque violette. Sans doute à cause d'une froid.

Vous allez bien ?

Erika entendit des pas, mais n'y tint pas compte au départ. Elle crut sans doute que ce n'étaient que ses pensées qui l'habitaient encore, et qu'il n'y avait en fait personne. Mais, lorsque l'on la héla, elle se retourna. Une jeune femme arrivait en courant. Sans décroiser les bras, elle se leva et lui fit face. D'une vingtaine d'années, les cheveux noires, la peau mâte, elle portait un uniforme de cuir de très mauvais goût selon Erika. Quand elle s'arrêta devant elle et lui demanda si elle allait bien, elle répondit par une autre question:

Où suis-je ?

Elle fixa un moment les montagnes derrière elle, puis son regard passa de nouveau sur le fleuve, et le pont, elle ne savait plus comment se repérer. Une phrase lui échappa:

En quelle année sommes-nous ?

D'après ce qu'elle voyait, elle ne pouvait dire combien de temps elle était partie. Les rues qu'elle pouvait apercevoir étaient pavées, les bâtiments se ressemblaient tous. Pour un peu elle se serait crue au Moyen-âge. Elle répéta, plus fort cette fois-ci:

En quelle année sommes-nous ?

Invité

[Je mets l'année de la sortie du livre parce que je sais pas quoi répondre…]

La jeune femme se leva d'un bond, l'air frigorifiée. Ella na enleva sa veste et la lui passa autour des épaules tandis que celle-ci répondait. En fait, elle ne répondit pas vraiment, mais demanda où elle était. Malheureusement, Ellana n'en savait rien, elle le lui confia doucement:

Je n'en ai aucune idée, je suis perdue. Je vous ai vue complètement par hasard, et vous avez bien de la chance. Comment avez-vous fait pour rester prisonnière dans ce fleuve gelé ?

Elle pensait à quelque puissant dessinateur mal intentionné, mais n'en dit rien, laissa la jeune fille regarder les alentours. Elle fut surprise de l'entendre demander en quelle année elle était.

*La pauvre… Elle doit être drôlement secouée… Evidemment, restée enfermée sous l'eau, prisonnière de la glace ça ne doit pas être agréable. Heureusement qu'elle était fine et qu'elle a pu la briser…*

Ellana ne répondit pas immédiatement, mais comme elle renouvelait sa question, elle l'informa:

2007. Nous sommes en 2007.

Elle la prit par un bras, sentit sa peau humide et glaciale.

On devrait trouver un endroit où rentrer, qu'en pensez-vous ?

Elle la guida, longeant toujours le fleuve.

Je suis Ellana Caldin. Comment vous appelez-vous ?

[Oui, c'est bon comme ça. Ca va juste faire un choc à Julien Sorel lol]

La jeune femme lui mit sa veste sur ses épaules en répondant qu'elle était perdue. Eh bien, au moins elle n'était pas la seule !

Merci.

Elle parla froidement. Sa compagne ne semblait pas s'en être aperçue. Elle venait soudain de retrouver le visage de Josie. Josie, sans qui jamais rien ne serait arrivé. Josie qui avait laissé Rachel sur le cheval sans casque, Josie qui avait complètement abandonné sa sœur après l'accident en la lui laissant sur les bras. Comme elle la haïssait à ce moment ! Elle serra les dents, contenant sa colère. Elle avait envie de frapper le premier venu. Et le premier venu, aujourd'hui, c'était cette femme. Elles commencèrent à marcher, Erika se laissa faire, suivit. Elle n'avait pas la force de résister pour l'instant. Elle était donc en 2007. Deux ans. Cela faisait deux ans qu'elle s'était noyée, si c'était vraiment le cas. Elle avait donc aujourd'hui 17 ans. Ellana donna son nom avant de lui demander le sien.

Erika McClain.

Elle lui tendit la main sans grand enthousiasme, mais puisque c'était la politesse… Elles passèrent devant le pont et montèrent dessus pour passer de l'autre côté. Il n'y avait rien par ici, ni auberge, quelques maisons seulement, qui n'étaient pas très accueillantes. Erika ne dit rien, ne fit rien. Elle se laissa guider, se répétant intérieurement:

*Je hais Josie…*

Invité

[Je pense qu'il s'en sortira ^^]

Ellana se demanda s'il ne valait pas mieux aller chercher de l'aide. En montant sur le pont, elle regarda les maisons vers lesquelles elles allaient. Elles n'avaient pas l'air habitées mais il valait mieux tenter quand même de s'y rendre.

Je vous laisse deux minutes… murmura-t-elle. Ne vous en faites pas, Erika, je reviens tout de suite.

Elle la lâcha lentement, progressivement, comme si elle avait peur qu'elle ne tombe. Elle crut la voir basculer un peu au moment où elle s'écarta mais ce ne devait être qu'une impression. Après s'être assurée que la jeune fille ne craignait rien, elle courut vers les maisons les plus proches du fleuve et frappa à la porte de la première qu'elle trouva. Elle attendit un instant, songeant qu'il était très impoli de réveiller quelqu'un si tard. Mais personne ne vint ouvrir. Elle retourna voir Erika après avoir essayé plusieurs maisons. Malheureusement, soit elles étaient toutes vides, soit les gens se méfiait de qui osait frapper à leur porte à cette heure si avancée de la nuit.

Je ne trouve personne… Vous allez toujours bien ?

Une réelle inquiétude commençait à la gagner. Elle n'entendait rien pour l'instant, mais qui sait, le mal peut surgir de n'importe où. Heureusement, elle saurait le percevoir.

Ellana s'éloigna et Erika sentit un léger mal de tête la prendre. Elle resserra la veste autour d'elle. Il faisait vraiment froid. Elle s'appuya à la rampe du pont et regarda la jeune femme frapper à une maison. Après un moment, comme personne ne répondait, elle alla en voir une autre. Erika tourna la tête vers le fleuve. Elle pouvait encore voir, un peu plus loin, le trou qu'elle avait formé pour sortir. Elle regarda ensuite le ciel noir. Où pouvait-elle bien être ? Elle vit soudain Ellana revenir.

Il n'y a vraiment personne ?

Hélas, elle savait bien que la réponse était négative. Elle murmura:

J'ai froid.

Et elle s'approcha des maisons, de la plus proche, celle à laquelle Ellana avait frappé. Tant pis s'il y avait quelqu'un, il n'avait qu'à ouvrir tout à l'heure. Maintenant, elle avait froid, elle voulait dormir, et elle y allait. Elle tenta une dernière fois de frapper à la porte. Comme personne ne vint, elle tenta d'ouvrir. La porte céda sans difficulté. Comme si la maison était inhabitée, ou celui qui y vivait les attendait. Elle entra, se moquant bien de la politesse.

--> maisons

Invité

Erika semblait plus glacée que jamais. Elle n'avait pas l'air très bien, s'était même appuyée au bord du pont. Ellana ne savait pas quoi faire. Erika voulut savoir si elle était bien sûr qu'il n'y avait personne, apparemment sans grand espoir.

Non, il n'y a personne. J'ai frappé à trois maisons différentes, et je n'ai rien trouvé.

Elle eut l'impression qu'Erika ne l'avait pas écoutée. Après avoir murmuré qu'il faisait froid, elle se dirigea, comme un robot, vers la première maison. Surprise, Ellana allait l'en empêcher, mais elle se résigna. Elle pouvait parfaitement comprendre cette jeune fille qui était restée si longtemps dans l'eau glacée. Sans un mot, elle la suivit, restant derrière elle en cas de besoin. Erika tenta à nouveau de frapper. Ne sachant que faire, Ellana marmonna:

Je suis vraiment désolée, mais je suis sûre qu'il n'y a personne. Ou alors il n'a pas voulu ouvrir. C'est compréhensible aussi, il est tard…

Erika poussa la poignet qui ne résista pas. Elle fut étonnée de voir la porte ouverte, mais encore plus lorsque qu'Erika entra sans peur dans la maison.

Attendez !

Comme elle n'avait pas d'autre solution, elle la suivit.

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