Erre sur la falaise (Liesel)

Debout, au bord de la falaise battu par les vents, Azilis se sentait enfin apaisée. Elle connaissait ça. L'environnement rocheux de son Armorique natale, les eaux agités si semblables à celles qu'elle avait traversé en compagnie de Kian pour rejoindre les troupes d'Arcturus. Et pourtant, ce n'étaient pas la même mer. Elle en aurait mis sa main à couper. Car, en dehors de cet endroit, rien, non rien ne lui paraissait familier. La ville dans laquelle elle errait depuis déjà plus d'un jour ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait pu voir auparavant, et ce bien qu'elle soit même plus petite que Condate. C'était si... effrayant ! C'est vrai, après tout, elle traversait la campagne Bretonne qu'elle connaissait si bien... et voilà qu'elle se retrouvait en un lieu étrange, inconnu, où se trouvait des tas de choses qu'elle n'avait jamais vu. Curieusement, il n'y avait pratiquement personne : depuis qu'elle avait perdu de vue Julien et les deux autres filles, elle n'avait croisé personne d'autre... Et si c'était un coup de Myrddhin ? Oui, le vieil enchanteur aurait bien pu concevoir un plan aussi machiavélique... Oh, comme elle le détestait ! Il prétendait lire dans l'avenir... Pfff. Elle n'y croyait guère. Il avait cependant des pouvoirs. Et c'était sans doute lui qui l'avait envoyé ici. Oui, il n'y avait pas de doutes. Et il était sans doute quelque part, tout près, à l'observer. ça ne se passerait pas comme ça. Il allait bien voir!

-Laisse-moi partir, Myrddhin, tu m'entends!! hurla-t-elle en se retournant brusquement.

C'ets alors qu'elle se rendit compte qu'il y avait effectivement quelqu'un derrière elle. Et que ce quelqu'un n'était pas Myrddhin...

Etait-ce possible de mourir de chagrin ? Si tel était le cas, Liesel aurait tout de suite dit qu'elle était alors au Paradis. C'était beau ! Il y avait la mer, le ciel Bleu, les falaise, les forêt. Ce n'était plus l'Allemagne, c'était certain. Il n'y avait plus de guerre, de bombardement, de juifs prisonniers qui partaient pour les camps de concentration. Elle se sentait comme libre. Libérée des mains puissantes des soldats nazis qui venaient la chercher pour l'emmener encore elle ne savait où, de l'atmosphère étouffante de la ville où les bombes étaient tombée. La rue Himmel portait à présent son nom. Les routes étaient pavées et l'avaient guidée jusqu'à un paysage on ne peut plus beau, au bord de l'océan. Elle marchait toujours, perdue, seule, entrainée par le vent et par la certitude que ce n'était qu'un songe merveilleux, une première vision du Paradis où elle souhaitait rester. Ne pas revenir en arrière... Ne pas retrouver les cendres de sa maison qui l'étouffaient. Pas maintenant qu'elle avait traversé la pensée que tout était fini. Elle ne pourrait pas se réhabituer.

A la mort et à la guerre, on ne se réhabitue pas.

Le jour était plein et le soleil brillait librement dans un ciel bleu comme elle n'en avait pas vu depuis ce qui lui semblait une éternité. La rue Himmel, la rue du Paradis, était grise et sombre. Couverte de nuages et remplis de nazis. Si elle était morte, où était Rudy ? il n'avait pas pu partir en Enfer... Pas lui. Et Max ? Retrouverait-elle Max ? Hélas, elle n'avait plus eu aucune nouvelle de lui depuis la fois où il avait traversé la route principale de la ville. Ils l'emmenaient. Eux. Ceux auxquels elle ne voulait plus jamais penser... Ceux qui avaient tués tout le monde. Et s'il restait des survivants, ils ne tarderaient pas à la rejoindre ici... En attendant, elle vie une jeune femme en face d'elle qui avait tout l'air d'un ange. La robe qu'elle portait était blanche comme les rares nuages qui traversaient l'azur. Liesel s'approcha. Apparemment, l'ange attendait quelqu'un - ou plutôt elle fuyait ce certain Myrdhin...

Non, madame, je ne suis pas Myrdhin, je m'appelle Liesel. Mais... vous êtes un ange ?

Azilis, décontenancée, resta un moment à fixer la jeune fille. Elle ne s'attendait pas à ça. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il y ait quelqu'un. Si, peut-être Myrddhin, à la rigueur... En tout cas sûrement pas une fille, si jeune et si étrangement vétue. Remarque, parmi les rares personnes qu'elle avait rencontré depuis qu'elle était ici, personne ne portait des vêtements qu'elle aurait qualifiés de normaux... Personne ici ne semblait connaître les tuniques et les cothurnes... Enfin... Elle s'égarait dans ses pensées...

Azilis reporta son attention sur la jeune fille. "Non, madame, je ne suis pas Myrdhin", affirma-t-elle. ça, Azilis s'en serait douté. Cependant, elle n'était pas encore tout à fait rassurée... Et si c'était une de ses envoyées ? Il était bien capable d'un coup tordu comme celui-là... Elle esquissa un mouvement de recul, qu'elle se retint de faire juste à temps, se souvenant qu'elle éait au bord d'un falaise. A la place, elle fit un pas en avant. Mieux valait s'éloigner du bord...

"je m'appelle Liesel",continua la jeune fille. Liesel... Un nom étrange... Mais pas plus que Julien ou Ellana... Azilis soupira. Elle devait se faire des idées. Après tout, Myrddhin n'vaait peut-être rien à voir là-dedans...

"vous êtes un ange ?" Azilis fut tellement surprise de la question qu'elle eut un petit rire. Un ange, elle ?

-Non, je ne suis pas un ange, répondit-elle avec un sourire. Je suis Ninianne Sennia. Dame du Lac d'Ynis-Witrin. Je suppose que vous ne connaissez pas, bien sur... Puis-je vous demander d'où vous venez, Liesel ?. Et... savez-vous où nous sommes ? Je me sens tellement perdue, ici...

La jeune femme fut drôlement surprise de la voir, et encore plus lorsqu'elle se mit à parler, comme si chacune de ses phrase était à la fois source de rire et d'inquiétude. Elle commença par regarder Liesel bizarrement. Finalement, celle-ci remarqua que ce n'était pas elle qui était dévisagée ainsi, mais ses vêtements. Pourtant, ç'aurait plutôt été à elle de s'étonner. Mais, premièrement, Liesel ne faisait pas attention à ces détails et, deuxièmement, elle avait trouvé comme explication que la jeune femme était un ange.

Attention !

Liesel s'écria tout bas tandis que son interlocutrice reculait dangereusement vers le rebord. Heureusement, elle s'en aperçut à temps et s'avança vers elle. Liesel se recula, pour lui laisser de la place, bien qu'elle n'en ait largement assez. Liesel lui sourit d'un air franc pendant que l'ange, qui en fait avoua n'en être pas un, se présenta: Ninianne Sennia, suivi de plein de noms compliqués qu'elle ne retint pas. Ninianne était largement suffisant.

Vous n'êtes pas un ange ? Mais alors... je ne suis pas morte ?

Elle avait presque envie de pleurer alors qu'à cette certitude nombreux auraient été ceux qui sauteraient de joie. Elle n'était pas morte, elle n'avait pas quitté la terrible Allemagne Nazi que la Seconde Guerre Mondiale détruisait sauvagement. Elle n'allait pas retrouver son frère Weber, ni Hans ou Rosa Hubermann, ni Max.

Je pensais que j'étais au Paradis... C'est pour ça que je vous ai prise pour un ange. Je viens d'Allemagne, mais je ne suis pas Nazi.

Ce n'était certainement pas chose à dire à un parfait inconnu. Mais ce n'était pas mieux d'avouer qu'elle et sa famille adoptive avaient caché un juif dans leur cave. En fait, elle ne savait pas vraiment quoi dire. Non, elle n'était pas Nazi, et même s'il le fallait elle ne l'aurait jamais laissé croire. Pas après ce qu'ils avaient fait à Max.

Moi aussi, en fait, je suis un peu perdue. Je me suis retrouvée là je ne sais pas comment et vous êtes la première personne que je vois.

Elle alla s'asseoir au bord de la falaise et regarda l'océan. C'était beau... Elle n'avait jamais vu l'océan, même pas la Manche. Le seul voyage qu'elle avait fait de sa vie était dans le train qui l'avait conduite dans la rue Himmel.

Et vous, d'où venez-vous ? Comment êtes-vous arrivée là ? J'aimerais bien le savoir en ce qui me concerne... Je n'ai plus aucun souvenir, j'ai l'impression de m'être matérialisée ici sans transition aucune. Je me souviens que...

Elle fit un énorme effort pour se remémorer de la fin de son histoire en Allemagne. Le bombardement... La cave... Les soldats Nazis... Ruby. Elle l'avait embrassé, comme il le voulait. Et là, elle l'avait vue, Elle. La Mort. Elles s'étaient regardées. Puis plus rien.

Non, je ne me souviens de rien.

[HJ: désolée, je sais que je ne fais rien avancer mais je n'avasi pas d'inspiration...)

"Mais alors... je ne suis pas morte ?"
La question de Liesel laissa Azilis sans voix. Sa réaction face à cette évidence qu'elle énonçait, surtout. Elle semblait triste. Comment pouvait-on être triste de ne pas être morte ? Elle devait être bien désespérée pour penser cela... En tout cas, cela expliquait qu'elle l'ait prise pour un ange...

"Je viens d'Allemagne, mais je ne suis pas Nazi." Azilis ne comprit rien à cette phrase. Qu'était l'Allemagne ? Qu'était-ce, un Nazi ? Mais enfin, pourquoi, tous les gens qu'elle rencontrait ici étaient si différents d'elle, et si différents entre eux ? Que s'était-il donc passé ? Le propos suivants de Liesel, "Moi aussi, en fait, je suis un peu perdue. Je me suis retrouvée là je ne sais pas comment et vous êtes la première personne que je vois.
", semblaient confirmer ceci. Apparemment, ils étaient plusieurs personnes, issus d'environnements totalement différents, à s'être retrouvé comme par enchantement ici. Tout cela était décidément étrange.

"Et vous, d'où venez-vous ? Comment êtes-vous arrivée là ?" Azilis hésita avant de répondre. Tout ce qu'elle allait dire n'allait probablement rien lui apprendre. Mais, si elle tenait à le savoir...

Je viens de l'île d'Ynis-Witrin, dans le royaume de Bretagne. Je rentrais chez moi... et je me suis retrouvée à côté de la prison de cette ville. C'était vraiment étrange. Je suis sûre de n'avoir pas dévié de mon chemin habituel. Et je n'ai rien vu d'inhabituel. Non, vraiment, je ne sais pas pourquoi je me suis retrouvée là. J'ai rencontré quelqu'un avant vous. Mais je l'ai perdu de vue. J'ai longtemps erré dans cette ville. Mais tout me semble si étrange...

[Rrrrrrrr.... -> allitération en "r" Ah ! Ah ! Ah !]

Liesel ne savait pas vraiment que penser de cela. Elle ne connaissais absolument pas les villes, si c'en étaient, donc parlait Ninianne. Elle avait pris des cours de géographie au collège, mais ils s'arrêtaient au territoire Allemand et aux pays qu'ils avaient envahis. Egalement les ennemis, les Etats-Unis. Il lui semblait que la Bretagne était en France, mais elle n'avait jamais appris qu'il s'agissait d'un Royaume. Après tout, vu comme tout était truqué dans la sens des Nazi comme le disaient ses parents adoptifs et Max, peut-être qu'elle se trompait et que ce qu'elle croyait vrai n'était qu'un mensonge.

Oui, c'est étrange. Pour moi aussi. Je ne connais pas cet endroit... Mais... Regardez !

Liesel courut jusqu'au rebord de la falaise, le doigt pointé vers le ciel. Un immense oiseau volait là. Oiseau ? Non, ça n'y resssemblait pas. Quelque chose entre le dragon, le phénix, le sphinx. Au moins, elle connaissait un peu de mythologie. Pas beaucoup, quoique Hitler reprenait beaucoup l'art antique dans sa propagande, mais à cette époque elle était encore petite et se souvenait principalement de la guerre. L'apparition repartit comme elle était venue. Bientôt, ce fut dans la mer qu'elle crut voir quelque chose. Mais ce n'était qu'un dauphin.

Mais où sommes-nous ?

» Liesel Meminger